L'égendes Incas

Publié le par Franck

Manco Capac

Sur les terres qui se trouvent au nord du lac Titicaca, des hommes vivaient comme des bêtes féroces. Ils n'avaient pas de religion, ni de justice, ni de villages. Ces êtres ne savaient pas cultiver la terre et vivaient nus. Ils se réfugiaient dans des cavernes et se nourrissaient de plantes, de baies sauvages et de viande crue.


 
Inti, le dieu Soleil, décida qu'il fallait civiliser ces êtres. Il demanda à son fils Ayar Manco et à sa fille Mama Ocllo de descendre sur la terre pour bâtir un grand empire. Ils enseigneraient aux hommes les règles de la vie civilisée et leur apprendrait à vénérer leur dieu créateur, le Soleil.

Mais avant, Ayar Manco et Mama Ocllo devraient fonder une capitale. Inti leur confia une baguette d'or en leur disant ceci :

- Depuis le grand lac, où vous arriverez, marchez vers le nord. Chaque fois que vous vous arrêterez pour manger ou dormir, planter cette baguette d'or dans le sol. Là où elle s'enfoncera sans le moindre effort, vous bâtirez Cuzco et dirigerez l'Empire du Soleil.

Le lendemain matin, Ayar Manco et Mama Ocllo apparurent entre les eaux du lac Titicaca. La richesse de leurs vêtements et la brillance de leurs bijoux firent vite comprendre aux hommes qu'ils étaient des dieux. Craintifs, les hommes les suivirent en cachette.

Ayar Manco et Mama Ocllo se mirent en marche vers le nord. Les jours passèrent sans que la baguette d'or ne s'enfonce dans le sol.

Un matin, arrivait dans une belle vallée entourée de montagnes majestueuses, la baguette d'or s'enfonça tout doucement dans le sol. C'était là qu'il fallait construire Cuzco, le "nombril" du monde, la capitale de l'Empire du Soleil.

Ayar Manco s'adressa aux hommes qui les entouraient et commença à leur apprendre à cultiver la terre, à chasser, à construire des maisons, etc...

Mama Ocllo s'adressa aux femmes et leur apprit à tisser la laine des lamas pour fabriquer des vêtements. Elle leur enseigna aussi à cuisiner et s'occuper de la maison...

C'est ainsi que Ayar Manco, devenu Manco Capac, en compagnie de sa soeur Mama Ocllo, s'assit sur le trône du nouvel Empire du Soleil. A partir de ce jour, tous les empereurs Incas, descendants de Manco Capac, gouvernent leur empire avec leur soeur devenue épouse.

 

Les frères Ayar

Sur la montagne Pacaritambo (douze lieues à Nord-ouest de Cuzco) apparurent les frères Ayar après le grand déluge qui avait tout dévasté. De la montagne appelée "Tampu Tocco" partirent quatre jeunes hommes et quatre jeune femmes, soeurs et épouses de ceux-ci. C'étaient Ayar Manco et sa femme Mama Ocllo; Ayar Cachi et Mama Cora; Ayar Uchu et Mama Rahua et enfin, Ayar Auca et son épouse Mama Huaco.

En voyant l'état des terres et la pauvreté des gens, les quatre hommes décidèrent de chercher un lieu plus fertile et prospère pour s'y installer. Ils emmenèrent avec eux les membres de dix Ayllus (organisation inca qui comportait dix familles). Ils se dirigèrent vers le sud-est.

Mais une première altercation se produisit entre Ayar Cachi, un homme fort et courageux, et les autres. Ses frères le jalousaient et voulurent le tuer. Ils lui ordonnèrent de retourner aux cavernes de Pacarina ( on appelle ainsi, en quechua, le lieu des origines) chercher des semences et de l'eau. Ayar Cachi pénétra dans la Caverne de Capac Tocco (fenêtre principale de la montagne "Tampu Tocco") et le domestique qui l'accompagnait ferma avec une grande pierre la porte d'entrée, et il ne put jamais en sortir.

Les sept frères et soeurs, suivis des ayllus, poursuivirent leur chemin et arrivèrent au mont Huanacauri où ils découvrirent une idole de pierre du même nom. Pleins de respect et de crainte face à l'idole, ils pénétrèrent dans le lieu où on l'adorait. Ayar Uchu sauta sur le dos de la statue et fut aussitôt pétrifié, faisant partie désormais de la sculpture. Il conseilla à ses frères de poursuivre le voyage et leur demanda que l'on célèbre à sa mémoire la cérémonie du Huarachico, ou "initiation des jeunes".

Au cours du voyage Ayar Auca fut aussi changé en statue de pierre dans la Pampa du Soleil. Ayar Manco, accompagné de ses quatre soeurs, arriva à Cuzco où il trouva de bonnes terres, et y enfonça son bâton avec facilité mais ne put l'en retirer sans efforts. Enthousiasmés par l'endroit ils décidèrent d'y rester. Ayar Manco fonda une ville au nom du Créateur Viracocha et au nom du Soleil. Cette ville fut le Cuzco (nombril, en quechua), la capitale du Tahuantinsuyo (Empire des quatre provinces).

Huarcuna

Le Fils du Soleil, Túpac Yupanqui, "l'Homme de toutes les vertus" comme le nommaient les Huravicus (hommes de savoir) de Cuzco, célébra sa victoire sur l'indomptable tribu des Pachis. Tout l'Empire était là pour fêter son triomphe.

Mais un événement néfaste se produisit : le condor aux ailes gigantesques, lâchement blessé et sans forces, tomba de la montagne la plus haute des Andes, teignant la neige de son sang. Le Grand Prêtre, en le voyant mourir, annonça que s'approchait la fin du royaume de Manco Capac, premier Inca et fondateur de l'Empire; que d'autres gens viendraient avec d'immenses pirogues pour imposer leur religion et leurs lois.

Mais ce jour-là la fête continua. On fit venir une jolie captive qui allait être livrée à l'Inca. Son coeur était rempli d'amertume car on l'avait éloignée de l'être qu'elle aimait et on l'obligeait à chanter des louanges à son vainqueur. Soudain, elle se mit à frémir en voyant que son fiancé se trouvait là, lui aussi prisonnier de l'Inca. La nuit commença à tomber sur les montagnes, et la suite royale s'arrêta à Izcuchaca. Soudain l'alarme retentit dans le campement. La jolie captive, la jeune femme destinée au sérail de l'Inca fut surprise en train de fuir avec son amant, lequel fut tué en la défendant. Tupac Yupanqui ordonna la mort pour l'esclave infidèle. Et c'est avec joie qu'elle écouta la sentence, désirant plus que tout au monde rejoindre le maître de son coeur et parce qu'elle savait que la terre n'était pas la patrie de l'amour éternel.

Depuis lors, à l'endroit ou fut immolé la captive, sur le Palla Huarcuna situé dans la chaîne de montagne entre Izcuchaca et Huaynanpuquio , on peut voir un rocher qui à la forme d'une indienne avec un collier autour du cou et un turban de plumes sur la tête. On affirme que personne ne peut passer la nuit sur le Palla Huarcuna sans être dévoré par le fantôme de pierre.

El Dorado

Le roi de Guatavita tomba profondément amoureux d'une jolie jeune femme de la tribu voisine. Il l'épousa et ils eurent une fille. Mais le roi se consacrait beaucoup à sa fonction, tout en se laissant aller à la débauche, trompant et oubliant son épouse. Celle-ci, se sentant abandonnée se désespérait. Cependant, les deux époux aimaient profondément leur fille.

Un jour, lors d'une grande fête, la reine s'éprit d'un beau et jeune guerrier. Amoureux l'un de l'autre, ils commencèrent à s'afficher se moquant de la vigilance du roi. Ces rencontres illégitimes finirent par être connues par celui-ci qui ne tarda pas à les surprendre.

Le guerrier fut fait prisonnier et soumis à de terribles tortures jusqu'à ce qu'on lui retira le coeur avant de l'empaler. Cette nuit même on organisa une grande fête en l'honneur de la souveraine. Au cours du repas on lui offrit un plat raffiné, le coeur d'un animal sauvage. La reine le regarda avec méfiance puis se rendit compte avec horreur que c'était là un morceau de son amant.

Soudain, l'ambiance festive laissa place à un grand silence quand retentit le cri d'effroi de la reine. Le teint pâle comme une morte et le coeur meurtri, elle alla chercher sa fille avant de s'enfoncer précipitamment dans les ténèbres. Sans réfléchir un seul instant elle se jeta dans la lagune sacrée de Guatavita.

Les prêtres se pressèrent de transmettre la nouvelle au monarque enivré qui, fou de douleur, courut jusqu'à la lagune en comprenant combien il aimait cette femme et comme elle l'avait rendu heureux bien avant. Le coeur rempli de chagrin, il ordonna aux prêtres de récupérer le corps de son épouse. Ceux-ci lui révélèrent que la reine vivait heureuse dans une maison sous marine avec un serpent qui était amoureux d'elle. Angoissé, le roi réclama qu'on lui ramène au moins sa fille. Les prêtres la ramenèrent et purent constater qu'elle n'avait plus d'yeux. Alors le père décida de la rendre à sa mère.

Le roi inconsolable pardonna à son épouse en lui promettant des offrandes pour qu'elle ait dans l'au-delà le bonheur qu'elle connut si brièvement à ses côtés. Les prêtres, les intermédiaires entre les hommes et la déesse des eaux (l'ancienne reine), vivaient au bord de la lagune en attendant sa prochaine apparition, un soir de pleine lune.

Les Chibchas firent de la lagune de Guatavita (formant un cercle presque parfait) un lieu de culte où l'on fit des offrandes de figurines en or et en émeraude à la déesse tutélaire. Celle-ci, en forme de serpent, surgissait des eaux pour rappeler au peuple la promesse de trésors qu'on lui avait faite. Les offrandes se firent de plus en plus nombreuses afin d'apaiser la douleur du roi.

Mais la cérémonie eut un autre but par la suite. C'était un acte politico-religieux que l'on accomplissait pour la consécration d'un nouveau Zipa (roi de Bacatá, actuelle Bogotá). Les jours qui précédaient la cérémonie, le roi et son peuple commençaient une période de jeûne et d'abstinence. Durant cette période ils confectionnaient des masques et de riches vêtements, réglaient leurs instruments de musique et préparaient des mets et de la chicha (alcool de maïs) pour le grand jour. Les villages voisins venaient se joindre à la fête et tous, pour un temps, oubliaient leurs peines et leurs chagrins.

Puis venait le moment tant attendu. Avant que l'aube ne se lève tout était prêt pour commencer la procession vers la lagune sacrée au son des tambours et des flûtes. La foule, parée de ses plus beaux atours et ses bijoux entonnait des chansons. Puis suivait le cortège royal escorté par des guerriers portant arc, flèches et lances. A quelques mètres de la lagune, le roi descendait de son palanquin et se dirigeait vers la barque royale, marchant sur les capes que plaçaient sous ses pieds les guerriers et les courtisans. Sur la barque recouverte de capes et de fleurs ne prenaient place que les membres les plus méritant de la cour, laissant libre la place centrale pour le monarque.

Aussitôt après s'être placé au centre de la barque le roi laissait tomber sa cape rouge en montrant à tous son corps entièrement recouvert d poussières d'or. La barque royale s'éloignait lentement tandis que la foule, le dos tourné à la lagune, ou la tête baissée vers le sol pour ne pas offenser, faisait entendre ses prières et ses cantiques. Au milieu des fulmigations, le Zipa pointe son regard vers l'orient, attendant le soleil. Quand le ciel se teignait de rouge, le roi murmurait de prières. Et au moment où le soleil surgissait et baignait de lumière la barque royale, le monarque levait les bras au ciel en lançant un cri de joie repris aussitôt par toute la foule.

Prononçant encore des prières, le Zipa jetait au fond de la lagune les admirables émeraudes et les objets en or, puis plongeait lui-même dans les eaux sacrées. Il en ressortait purifié et la barque revenait vers le rivage pendant que la foule restait tête baissée ou le dos à la lagune. Le roi marchait de nouveau sur les capes jusqu'à son palanquin qui le ramènerait jusqu'à sa demeure. Une fois le rituel et la consécration du Zipa achevés, commençait la fête qui se terminerait dans l'ivresse.

Le récit de ce fastueux cérémonial arriva jusqu'aux oreilles du Conquistador espagnol Sebastián de Benalcázar qui, obsédé par l'or, en fit la légende de l'Eldorado (l'homme doré), ce qui allait amener en Amérique une multitude d'aventurier en quête des cités d'or.

 

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Publié dans Faits-divers

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