L'exode et MoÏse

Publié le par Franck

Données archéologiques sur l'Exode et Moïse
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Cet article fait partie de la série
sur le Livre de l'Exode.
Article principal
L'Exode
Données archéologiques sur l'Exode et Moïse

En dehors de la Torah, le peuple hébreu a laissé peu de documents permettant de retracer son histoire. Pour savoir dans quelles limites la Bible décrit précisément l'histoire d'une population, confronter le récit de l'Exode aux données archéologiques les plus récentes est instructif.

Les faits détaillés exposés ci-après font souvent l'objet d'interprétations visant à les rapprocher du texte biblique, et tendent même dans certains cas à l'interprétation de ce texte lui-même. Ces développements, qui ne rentrent pas dans le domaine de l'archéologie, sont détaillés ailleurs dans les articles Exode, L'Exode et Moïse. L'archéologie se cantonne à l'établissement de faits bruts, datés et reconnus scientifiquement exacts selon les critères propres à cette science, qui s'abstient de les interpréter. Pour tenter de comprendre ses découvertes, l'archéologue doit toutefois les confronter non seulement au texte biblique lui-même mais au contexte historique réel, c'est-à-dire aux évènements que le texte est censé raconter, et aussi à la démarche de l'écriture du texte (écriture très décalée dans le temps par rapport aux évènements relatés).

 

Données archéologiques sur les personnages de l'Exode  

Dans La rameuse du lac, conte merveilleux du papyrus Westcar, le prêtre-lecteur du pharaon Snéfrou (vers -2500, père de Khéops) parvient à ouvrir en deux les eaux de l'étang et à récupérer, à sec, la boucle d'oreille tombée dans l'eau : le thème de l'ouverture en deux des eaux existe, ainsi, très largement avant le tsunami dû à l'éruption minoenne (vers -1650).

Selon une légende mésopotamienne (légende apparue 300 ans après sa mort), le roi Sargon (-2296, -2240), fils d’un nomade et d’une prêtresse, né à Azupiranu sur l’Euphrate, a été abandonné au fil de l’eau et recueilli par un jardinier qui l’élève comme son propre fils .

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Selon l'égyptologue Christiane Desroches Noblecourt  , Le nom de Moïse, issu de Mosé (mès = enfant, mésy = mettre au monde, etc.), constitue également la déviation du nom très égyptien dont la première partie est constituée d’un nom divin : Thotmès, Ramès etc. (voir hiéroglyphe ci-joint, voir aussi Ramsès et Djehoutymès-Thoutmôsis).

À ce jour aucune trace archéologique de Moïse ni d'allusion à son existence antérieurement au récit biblique n'a été retrouvée, ni en Égypte, ni en Palestine, alors que l'on connait les principaux notables de l'entourage des pharaons du Nouvel Empire.

Le second personnage du livre de l'Exode, le pharaon, n'est pas nommé. Des groupes de Shasou sont employés comme main-d'œuvre en Égypte, notamment sous le règne de Séthi , ou comme prisonniers, notamment sous le règne de Ramsès III . Des Apirou (souvent identifiés aux Hébreux jusque tout récemment  ; voir ci-dessous) figurent parmi le personnel du temple d'Atoum à Héliopolis  , d'autres sont employés comme carriers sous les Ramessides et 800 d'entre eux font partie d'une expédition aux carrières de schiste du Ouadi Hammamat sous Ramsès IV. La ville biblique de Ramsès étant identifiée à la capitale des Ramessides, Pi-Ramsès, on considère que c’est en Séthi Ier, son fils Ramsès II ou son petit-fils Mérenptah qu’il faudrait rechercher le pharaon décrit par le récit de l'Exode.

Données archéologiques négatives sur l'Exode 

Nous disposons d'un certain nombre de données négatives, c'est-à-dire d'indices qui jettent un doute sur la réalité de cette épopée telle qu'elle est racontée.

L'esclavage n'existait pas en Égypte 
Article détaillé : Servitude dans l'Égypte antique.

Contrairement à ce que l'on peut encore lire trop souvent, on sait, depuis Champollion (voir ci-dessous tombe de Rekhmirê ), que l'esclavage n'existait pas en Égypte. Christiane Desroches Noblecourt, médaille d'or du CNRS, souligne ce point depuis l'exposition Toutânkhamon dont elle était l'organisatrice, à Paris en 1967, sans parvenir à le faire prendre en compte par le grand public.

Les grands travaux étaient faits par des hommes libres. Les ouvriers de Deir el-Médineh, bâtisseurs de la vallée des rois n'étaient pas des esclaves, mais des petits fonctionnaires choyés par le pharaon et bénéficiant d'un logement individuel. Un texte de Ramsès II, adressé aux ouvriers de la région d'Héliopolis, ne laisse aucun doute sur la façon dont ces ouvriers étaient choyés. Les 20 000 ouvriers bâtisseurs de la pyramide de Khéphren, détenteurs d'une technicité très avancée, n'avaient rien d'esclaves et étaient bien traités. L'esclavage en Égypte ne sera introduit que par les Grecs, à Alexandrie, et il le sera alors massivement.

Les ouvriers de Deir el-Médineh ou d'Héliopolis sont une élite, ils sont représentatifs des bâtisseurs des grands travaux (les ouvriers du pharaon), mais ils ne sont pas représentatifs de la grande masse des paysans qui constituent l'Égyptien moyen.

Les prisonniers de guerre, quand ils ne sont pas en prison ou recrutés comme hommes libres dans les temples, l'armée ou l'administration, sont placés comme domestiques chez des particuliers : contrairement aux soldats, ils ne sont jamais regroupés par ethnies (ils sont chez des particuliers) ni utilisés dans les grands travaux qui nécessitent une haute technicité (dans les temples, ils participent aux travaux de construction ordinaires en brique, mais pas à la construction des temples en pierre taillée, voir ci-dessous sémites dans la tombe du vizir Rekhmirê). Enfin, les hommes non libres, qu'ils soient prisonniers de guerre ou condamnés de droit commun, relèvent administrativement des structures institutionnelles et sont dotés de leurs pleines capacités juridiques. Selon le Dictionnaire de l'Antiquité :

  • « Ils disposaient en effet d'un état civil, de droits familiaux et patrimoniaux ; ils pouvaient contracter, ester et tester en justice, et ils étaient même fiscalement responsables, ce qui élimine d'emblée tout statut d'esclave les concernant. Les prétendus contrats de "ventes d'esclaves" que l'on rencontre à la basse époque sont, si l'on approche ces transactions de leur contexte archivistique, des cessions portant sur du travail et des services temporaires, préalablement évalués et quantifiés et pouvant aussi faire l'objet d'un usus transmissible dans le cadre des successions...//... L'exclusion qui caractérise l'esclavage n'a pas sa raison d'être dans une société qui pratiquait au contraire l'intégration à tous les niveaux. La pratique du système de la corvée—à laquelle était soumise la population dans son ensemble—permettait l'obtention périodique de journées de travail au bénéfice de l'État, de l'administration ou des temples, et rendait par là inutile le recours à l'institution de l'esclavage. »
  • « On proposera du droit pharaonique la définition suivante : un ensemble de règles communautaires, coutumières et jurisprudentielles, sur lequel s'est affirmée l'autorité royale émanent du pouvoir théoriquement exclusif, maintenu et garanti par le rite, d'un roi-dieu sur la terre et sur les habitants d'Égypte, le concept de maât cristallisant ce droit qui repose sur l'équité. »
Problème de la date de l'Exode 
Les interprétations de Flavius Josèphe 

Lorsque la bible fut traduite en grec, la Septante, les historiens grecs comparèrent cette version de l'histoire avec leur propre version. Pour eux, l'analyse fut sans appel : ce peuple hébreu est inconnu dans leurs documents, il a donc toujours été au plus très petit, il est donc impossible que ce peuple ait lutté victorieusement contre une Égypte alors à son apogée. Seul Flavius Josephe, Juif convaincu, essaie de défendre l'histoire biblique dans son livre Contre Apion, en invoquant des sources extrabibliques. Josèphe, se réfère alors explicitement à Manéthon, dont il dit qu'il parle de l'Exode et qu'il le place sous le règne d'Ahmosis. Il s'est avéré, depuis, que Flavius Josèphe interprétait mal les écrits de Manéthon. En effet, Manéthon raconte l'invasion puis le départ de l'Égypte d'une population d'Asiatiques, les Hyksos, ce qui est attesté par l'archéologie, mais Flavius Josèphe assimile les Hyksos aux Hébreux. On sait, depuis, que ceci est totalement faux.

Les hypothèses de datation haute 

L'égyptologue Claude Vandersleyen relève le principal problème des différentes théories sur la datation de l'Exode : la fiabilité des chronologies bibliques n'est pas prouvée, mais, selon Claude Vandersleyen, les datations hautes sont écartées, alors qu'elles existent, simplement parce qu'elles contredisent la datation basse de l'Exode. Le Pentateuque, le livre de Josué et le livre des Juges fournissent une chronologie qui, suivant les interprétations, place l'Exode au XVIe ou au XVe siècle avant notre ère. Certaines objections à une datation haute ne sont pas si problématiques : le contrôle militaire égyptien en Canaan n'était direct que sur les voies de communication le long de la côte, l'intérieur du pays échappant largement à leur contrôle. De plus, comme nous le savons par les Lettres d'Amarna, la région montagneuse de Canaan pouvait être l'objet d'une instabilité politique qui ne remettait pas en cause le contrôle égyptien sur la région. Beaucoup de spéculations sur une datation haute sont possibles mais, des informations précises que nous donnent les lettres d'Amarna, le roi Habdi-Heba (voir paragraphe suivant) n'étant pas un Hébreu, il ressort que les Hébreux ne sont pas en Canaan vers -1350.

Pour cette raison également, une datation très haute de l'Exode étant exclue, la théorie de Santorin, qui ferait de cette catastrophe (vers -1650) la trace historique des plaies de l'Égypte, relève de la littérature de fiction.

L'hypothèse la plus probable : la datation basse de l'Exode 

Le récit biblique ne donne pas de date, mais il donne des indications permettant d'estimer à quel moment l'évènement se serait produit. Le calcul conduit, selon l'archéologue Pierre de Miroschedji, autour de -1450. À cette date, comme aux dates antérieures, la Palestine est sous contrôle militaire égyptien (garnisons) : il est difficile d'échapper au contrôle militaire en Égypte en se réfugiant en Palestine, puisque le contrôle militaire y est très présent. Comme ce contrôle ne disparait que vers -1300 (effondrement systémique marquant le passage de l'Âge du bronze à l'Âge du fer), il est impossible que les Hébreux aient pu conquérir Canaan, à la fin du bronze récent, avant cette date. Les lettres d'Amarna le montrent aussi : le roi Habdi-Heba (voir paragraphe suivant) n'étant pas un Hébreu, il est attesté que les Hébreux ne sont pas en Canaan vers -1350.

La stèle de Mérenptah atteste que, postérieurement à -1200, les Israélites sont installés en pays de Canaan.

Il ne resterait donc, comme période à laquelle l'Exode aurait pu avoir lieu, que l'intervalle entre -1300 et -1200. Il existe d'ailleurs, à ce jour, un très large consensus sur cette conclusion parmi les archéologues. Cependant, cette époque est bien connue et ne livre aucune trace d'un événement de l'ampleur de l'Exode tel que décrit dans la Bible.

Scarabées commémoratifs et correspondance diplomatique 

Thoutmôsis III installe, vers -1450, la domination militaire égyptienne sur le Proche Orient, plaçant ses conseillers un peu partout. Dans ses écrits, il nous parle des différents peuples qu'il rencontre, mais, s'il parle des Apirou (voir ci-après), il est muet sur les Hébreux.

Sous Akhénaton, les lettres d'Amarna décrivent Canaan vers -1350 : le bas pays est contrôlé par des cités-États dans lesquelles se trouvent les garnisons égyptiennes. Les hautes terres sont partagées en territoires peu peuplés, dimorphes, une partie de la population étant sédentaire et une partie nomade. Le roi de Jérusalem, Habdi-Heba se plaint des méfaits, sur son territoire (quelques hameaux s'étendant de Béthel à Beersheba) de l'ethnie Shasou et des Apirou (voir ci-après). Il réclame de l'aide à l'Égypte. Des conflits de territoires l'opposent à Shuwardata, souverain de Gat, la cité-État de la plaine côtière. À Sichem (hautes terres du nord) règne Labayu, qui lance une attaque sur la cité-État de Megiddo : c'est un échec qu'il paie de sa vie. Ces textes nous donnent, on le voit, une connaissance détaillée des cultures qui existent vers -1350 en Canaan : aucune mention n'est faite de la culture des Hébreux, ce qui montre que les Hébreux ne sont pas en Canaan à l'époque des lettres d'Amarna.

D'Amenhotep III à Ramsès II en passant par Akhénaton, l'Égypte entretient avec toute la Méditerranée orientale une correspondance soutenue (scarabées commémoratifs, lettres d'Amarna sur tablettes d'argile, etc.) dans laquelle apparaissent les noms des souverains d'une certaine importance et les problèmes de leur royaume. Il est question de Canaan (où l'on retrouve de nombreux scarabées hyksôs, des villes de Palestine (Jérusalem, Sichem), des Araméens, mais il n'est nulle part fait mention d'Hébreux ni d'Israélites, jusqu'à la stèle de Mérenptah (-1207), sur laquelle ils sont mentionnés à la fin d'une liste, ligne 27, l'avant-dernière de la stèle, parmi les populations de Canaan vaincues. En résumé, parmi toutes les populations du Proche Orient, ils semblent avoir, pour les Égyptiens, une importance secondaire vers -1207.

Les Sémites, les Shasou, les Apirou et autres Asiatiques installés en Égypte 

Le terme Asiatiques désigne l'ensemble des populations qui vivent à l'est de l'Égypte. Depuis Thoutmosis III, une colonie syrienne est installée à Karnak. Un quartier syrien existe à Louxor. Un certain nombre d'Hyksôs travaillent à Memphis. Les colonies d'Asiatiques, venus de tous les pays de l'Empire et groupés par ethnies, se développent de façon importante sous les Ramessides, notamment dans la région du Fayoum. Il s'agit exclusivement de travailleurs libres. Les prisonniers de guerre ou les condamnés de droit commun, s'ils ne sont plus en prison, sont répartis chez des particuliers (voir ci-dessus à propos de la non existence de l'esclavage).

Les Sémites sont présents en Égypte, régulièrement représentés dans l'iconographie, de façon conventionnelle avec une barbiche en pointe caractéristique. Le célèbre dessin relevé par Champollion dans la tombe du vizir Rekhmirê montre un groupe d'ouvriers sémites, en parfaite égalité avec les ouvriers égyptiens, fabriquant des briques et construisant un mur. Les multiples documents écrits (voir ci-dessus et ci-dessous) définissent qui sont ces Sémites présents en Égypte, et permettent de préciser qu'il ne s'agit pas d'Hébreux. Cette constatation est conforme aux résultats des prospections archéologiques sur les premiers Israélites (ils n'apparaissent qu'en -1200) et à la stèle de Mérenptah.

Les Shasou, dont des groupes travaillent en Égypte, sont des semi-nomades de Palestine et de Syrie appartenant à l'ethnie des Bédouins. Après le règne de Ramsès III, le terme Shasou devient synonyme de Bédouin.

Le terme Hapirou ou Habirou, dont des groupes travaillent en Égypte, apparaît dans des textes depuis le Dynastique archaïque jusqu'à la fin de l'Âge du Bronze, on le rencontre sur une très large étendue géographique, de la Mésopotamie à l'Anatolie et à l'Égypte. Il désigne principalement des marginaux, mercenaires plus ou moins brigands. On sait maintenant que les Apirou portent des noms d'origines ethniques variées : ils constituent donc un groupe socio-économique et non pas une ethnie. Selon Olivier Rouault, « Le terme de Hapirou/Habirou a fait couler beaucoup d'encre, en partie en raison de sa ressemblance avec le nom des Hébreux, avec lequel il semble finalement n'avoir aucun rapport » (voir l'article Shasou et Apirou dans les documents égyptiens).

Cette main d’œuvre étrangère dispose des mêmes droits que la main d’œuvre égyptienne. Selon une vieille tradition, les enfants les plus doués, égyptiens ou étrangers, sont repérés très tôt et recrutés comme Enfants du Kep, l’école d’élite de Pharaon. Dans cette école, beaucoup d’enfants sont issus des grandes familles, mais il y a également des enfants issus de milieux très modestes qui accèdent d’emblée, par cette voie, aux plus hautes fonctions dans l’État égyptien. L'ascension sociale vertigineuse d’un Moïse est donc tout à fait plausible. Parallèlement à cette tradition, Thoutmosis III ramène en Égypte des enfants de princes étrangers qu’il forme (à Louxor) dans le but d’en faire ensuite des souverains égyptianisés dans leur pays d’origine : cette politique sera poursuivie avec succès sous les Ramessides.

Problème du nombre d'Hébreux concernés 

Selon le récit biblique, la fuite concerne 600 000 hommes, sans compter les enfants. Tous les commentateurs donnent à ce chiffre un sens symbolique. D'ailleurs, pour Donald B. Redford, responsable des fouilles de Mendès dans le delta, le chiffre est extravagant car, à l'époque, la population de l'Égypte est estimée à 2 800 000 personnes : pareille fuite aurait laissé une saignée impossible à masquer dans le pays. D'autant plus que ce ne sont pas 600 000 individus qui auraient quitté le pays mais 600 000 familles, ce qui représente un nombre beaucoup plus important de personnes. On peut, approximativement, calculer ce nombre.

Calcul du nombre d'Hébreux s'enfuyant d'Egypte.

Le séjour des Hébreux en Egypte dura 430 ans (Exode 12.40, 12.41) après l'arrivée de Jacob-Israël, accompagné de sa descendance et des familles de celle-ci. Les versets de la Genèse, 46.8 à 46.27, en font le dénombrement: une fille, onze fils et cinquante-quatre petits enfants. Il s'établit dans la contrée de Ramses (Gen 47.11). En prenant 30 ans pour durée d'une génération, comme c'est la règle en généalogie, l'Exode aura donc lieu au cours de la 15ème génération. Pour passer de 54 couples à 600 000 couples en 15 générations, il faut plus de 4 enfants par couple. C'est donc environ 3 600 000 Hébreux qui partent d'Egypte. C'est impossible puisque ce nombre est plus important que celui de la population estimée à l'époque. D'autre part on ne peut pas éliminer le chiffre de 600 000 car celui-ci est confirmé dans le livre des Nombres (1:46) : tous ceux dont on fit le dénombrement furent six cent trois mille cinq cent cinquante.

Le Coran ne donne pas d'estimation sur le nombre d'Hébreux en Égypte, mais leur nombre n'inquiétait pas le Pharaon de l'Exode qui déclare que les Hébreux « ne forment qu'une bande peu nombreuse » (sourate 26, verset 54).

Problème de l'itinéraire dans le désert 

Sur l'itinéraire qu'auraient emprunté les Hébreux, le récit biblique de l'Exode est flou (comme sur la date). Ce flou n'est pas dû à une mauvaise technologie : l'Égypte maîtrise, depuis très longtemps, la localisation des lieux géographiques avec une grande précision, y compris dans le désert, les puits décrits ont été retrouvés et les itinéraires égyptiens sont très bien identifiés. Le désert a la propriété de conserver intacts les débris de poterie qui lui sont confiés. Après avoir fouillé la région au moyen de la technique de prospection de surface, les archéologues ont trouvé des traces de vie à différentes époques, antérieures ou postérieures à l'époque de Ramsès II, mais rien à l'époque de son règne (la même technique a pourtant permis d'identifier et de compter 45 000 personnes disséminées sur les hauts plateaux de Canaan, voir ci-après). Les fouilles de l'oasis de Kadesh-Barnea (celle de la Bible) ont démontré qu'il n'y a pas eu de séjour de population entre -1300 et -1200.

La mention de la ville de Pitom dans l'itinéraire de l'Exode, identifiée à Per-Atoum, ville fondée par Nékao II vers -600, conduit Donald B. Redford à affirmer, par l'étude des connaissances géographiques qu'ont les auteurs de ce récit, que ceux-ci ont vécu postérieurement à -700 ou -600.

Données sur la conquête de Canaan 

Les villes de la conquête de Canaan telles que Jéricho et sont identifiées depuis longtemps, leurs sites en révèlent les vestiges et on sait désormais dater les constructions et les destructions de façon précise (notamment grâce aux récents progrès de la datation au carbone 14). On sait donc établir scientifiquement si, oui ou non, il y a eu dévastation d'une région par une conquête militaire. Or, les archéologues sont désormais d'accord : il n'y a pas eu de conquête militaire de Canaan. Les destructions de cités s'échelonnent dans la durée sur plus d'un siècle et demi (et non pas dans le temps court du récit biblique) et, de plus, le phénomène est général dans tout le bassin oriental de la Méditerranée, touchant des régions qui n'ont clairement rien à voir avec les Hébreux. Ce phénomène de grande ampleur, lié au passage de l'Âge du bronze à l'Âge du fer, s'appelle un effondrement systémique.

Données sur les premiers Israélites 

Suite aux prospections de surface entreprises en 1990, il est maintenant établi par l'Archéologie que les premiers Israélites sont apparus (voir Données archéologiques sur les premiers Israélites) à partir de -1200 sur les hautes terres. Cette sédentarisation d'un groupe de population est conforme à l'inscription sur la stèle de Mérenptah. Cette population, en continuité avec la culture cananéenne de l'époque précédente, est évaluée selon Finkelstein à 45 000 personnes vers -1000 au moyen des méthodes habituelles de l'archéologie. Cependant, les analyses plus récentes et plus pointues de Stager effectuées en 1998 indiquent 150 000 individus. Le développement progressif de cette population, depuis les tout premiers Israélites de -1200, peut être suivi jusqu'à l'époque des rois David et Salomon et au-delà. Si la découverte a été accueillie en 1990 avec un certain scepticisme, elle n’est maintenant plus contestée sérieusement et il y a consensus, parmi les archéologues, sur le lieu, sur la date et sur le nombre (voir ci-dessous Pierre de Miroschedji).

 

 

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Publié dans L'écriture sainte

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S
<br /> <br /> J'ai toujours été fascinée par l'Egypte et ses mystères.<br /> De nombreuses légendes sont à l'origine de la bible effectivement.<br /> Je viens de voir la vidéo, elle est vraiment passionnante.<br /> Bon lundi<br /> Bises <br /> <br /> <br /> <br />
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