Nouvelle domination

Publié le par Franck

- L'aube du christianisme,

 

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Domination romaine, autonomie relative du Sanhédrin

A l'aube du christianisme, la politique impériale consistait à ne gouverner que par l'intermédiaires de monarques locaux régissant les nations limitrophes encore trop indociles pour accepter un vice-roi romain.

Telle était la position du roi Hérode.

Sous l'occupation romaine, il n'y eut plus de vie politique, mais seulement des intrigues de palais. La plupart des Juifs furent tout simplement exclus de la vie publique.

 

Des agents de la monarchie prirent en charge le culte du temple : ils achetaient la charge de grand prêtre à prix d'argent, la conservaient selon le bon plaisir du roi, puis, enrichis par les revenus de leur charge, la remettaient à la manière grecque entre les mains de leurs successeurs désignés.

 

Après la mort d'Hérode, les Juifs supplièrent les Romains d'unir leur pays à la Syrie et d'en confier l'administration à des gouverneurs romains. Les Romains essayèrent d'abord de maintenir au pouvoir les fils d'Hérode, mais cela ne fit que provoquer de nouvelles difficultés et ils finirent par céder en nommant le premier d'une série de procurateurs. Ceux-ci vécurent à Césarée, la ville hellénistique, ne se rendant à Jérusalem qu'au moment des pèlerinages pour venir assister aux fêtes. Quand l'un d'eux, Cestius, au printemps 66, fut tué dans une embuscade alors qu'il revenait de Jérusalem, le gouvernement des procurateurs cessa aussi brusquement qu'il avait commencé.

 

Le sanhédrin ou haute cour disposait d'une certaine liberté. La cour gardait certainement le droit de diriger souverainement les affaires du Temple. Elle décidait et réglait les contentieux en matière de lois civiles et commerciales, définissait les statuts personnels et familiaux, et réglait la procédure du mariage. C'était aussi elle qui percevait les taxes prévues par la Bible et qui déterminait le calendrier liturgique.

 

Le Sage, le Prêtre et le Messie

Trois types idéaux

Chacun proposait une façon différente de vivre dans la sainteté en insistant sur une vision de ce que Dieu attend d'Israël ou promet au peuple juif :

 

  • Les scribes, ou sages (plus tard les rabbins), prenaient pour centre la Torah.
  • Les prêtres avaient pour référence le Temple.
  • Les gens qui espéraient la venue imminente du Messie mettaient au premier plan le problème du salut.

 

Mais il ne faut pas imaginer qu'on aurait pu trouver à l'état pur et sans mélange les systèmes symboliques auxquels nous recourons, chacun avec son type de piété, de foi, de représentation religieuse.

 

- Le schéma messianique impliquait ce dont le prêtre et le sage n'avaient pas le moindre souci : une attention au monde extérieur, à la société, à la nation, à l'histoire.

 

- Le prêtre considérait le monde extérieur au Temple comme de sainteté inférieure, donc profanes, donc comme impurs. La vie ne résidait qu'en Israël, plus précisément dans le temple. En dehors de là, à l'horizon, il n'y avait que des pays vides et des peuples morts qui ne formaient tous ensemble qu'un désert indifférencié. A partir d'un tel point de vue sur le monde, on ne pouvait élaborer aucune doctrine touchant l'existence d'Israël au milieu des nations ; on ne pouvait porter aucun intérêt à l'histoire réelle de la nation ou à la signification du passé et du futur.

 

- Le sage avait à exprimer la sagesse, donc quelque chose qui valait aussi bien pour les gentils que pour Israël. La sagesse relève de la nature des choses. Elle ne saurait être affectée par les grands mouvements de l'histoire.

 

Un choix

Ces trois façons d'envisager l'existence humaine, qu'expriment symboliquement le culte, la Torah ou le Messie, exigent un choix. Les récits de la guerre de 66-73 insistent sur la façon dont les prêtres avertissaient les messianistes de ne pas mettre en danger le Temple. Les sages postérieurs, les rabbins talmudiques, n'honorèrent que fort peu les luttes, les combats messianiques de Ba Kokhba, et après 70, ils réclamèrent le droit d'indiquer aux prêtres ce qu'ils avaient à faire.

 

Histoire et vie privée, temps et éternité

Après 70, face à des évènements qui provoquaient l'effondrement d'un monde, ce n'est pas une passivité faite de lâcheté et d'épuisement que nous constatons, mais bien l'élaboration active d'une nouvelle façon d'être.

 

A l'époque, cela a consisté en une nouvelle manière de concevoir le sens ultime des évènements sans plus se référer à l'historie. Les nations de la terre pensent qu'elles font l'histoire et que ce qu'elles font a de l'importance. Mais Israël sait que c'est Dieu qui la fait et que c'est la réalité modelée en réponse à sa volonté qui est l'histoire.

Cette façon de concevoir le temps et le déroulement des évènements constitue le centre de la vision de la tradition sacerdotale prolongée par la suite par le judaïsme rabbinique. Cette façon d'envisager la vie d'Israël, en insistant sur la continuité et la structure et e ne promettant de changement qu'au terme, représente l'union de deux tendances : celle qui est symbolisée par l'autel, et celle qui est représentée par le rouleau de la Torah, celle du prêtre et celle du sage.

 

D'un côté, la voie historico-messianique, qui mettait l'accent sur l'importance des évènements et réfléchissait à leur poids et à leur signification.

De l'autre, la voie méta-historique, rabbinique ou sacerdotale, qui insistait sur la mise en œuvre d'un mode de vie éternel et immuable, rendant capable de ne pas se laisser submerger par les vagues de l'histoire.

 

Esséniens, sadducéens, pharisiens, et Galiléens

Les Esséniens

Les Esséniens se préparaient pour la guerre sainte qui devait clore le temps. C'est pourquoi la communauté de la mer Morte, répartie en groupes conduits par de vrais capitaines, avait adopté une discipline militaire et se plongeait dans la lecture, celle des livres saints connus, mais aussi celle d'autres livres dont personne ne savait rien. Ils s'armaient pour l'Armageddon et leur lutte contre les forces de l'impureté rituelle, du mal et du péché était un combat pour Dieu.

 

Les pharisiens

Les pharisiens continuaient de vivre dans la société ordinaire.

Certains sympathisants formaient des fraternités « haburah » : ils tenaient à manger leur nourriture profane en état de pureté lévitique rigoureuse. A table, ils voulaient être semblables aux prêtres du Temple à l'autel. Ils ne prenaient leur repas qu'avec ceux qui suivaient la loi telle qu'ils la concevaient. Ils se séparaient ainsi de l'homme du commun mais en continuant d'habiter les villes et les bourgs, ils gardaient la possibilité d'entraîner les autres par leur exemple.

Les pharisiens lisaient l'Ecriture avec la tradition orale, c'est-à-dire soit avec des anciennes traditions qu'ils rattachaient à Moïse soit avec des méthodes particulières d'exégèse et d'enseignement.

 

Les sadducéens

Les sadducéens étaient partisans de la stricte adhésion à la parole écrite. Ils refusaient à leurs adversaires pharisiens le droit d'interpréter celle-ci. Ils étaient aussi en désaccord avec les pharisiens sur l'éternité de l'âme. Selon les sadducéens, il n'y avait dans l'Ecriture aucune justification de telles doctrines. Ils étendirent leur emprise sur l'ensemble du corps sacerdotal et sur les riches de la société

 

La Galilée

La Galilée s'était convertie au judaïsme quelques cent vingt ans avant notre ère. Les croyances de convertis de fraîche date ne pouvaient guère assimiler des idées et des problèmes qui réclamaient une étude approfondie, une éducation poussée et des structures de comportement bien établies.

 

Dans ce contexte général, on voyait passer les gens d'un maître à l'autre : « Que dois-je faire pour entrer dans le Royaume des cieux », cela parce qu'il n'y avait pas de réponse faisant autorité.

 

Qui sont les pharisiens ?

Que savons-nous des pharisiens antérieurs à la destruction de Jérusalem en 70 ?

Nous disposons de trois sources de renseignements :

 

  • Les récits historiques de Flavius Josephe,
  • Le Nouveau Testament,
  • Les traditions rabbiniques.

 

Josèphe nous apprend que plus de six mille pharisiens refusèrent de prêter serment de loyauté à César et au roi Hérode. Ces pharisiens dirigeaient les femmes de la cour d'Hérode. Et, à la cour, la femme de Phéroras paya l'amende à leur place. Ensuite, les pharisiens prédirent que le trône d'Hérode lui serait bientôt arraché et que le pouvoir royal lui serait confié, à elle et à Phéroras. (Josèphe, Antiquités juives 17, 41-44).

 

Les Evangiles nous parlent des pharisiens et de leurs préoccupations : l'observance du Shabbat, la consécration d'objets au Temple, le paiement de la dîme sur les plus petites choses. Ils discutent du caractère du Fils de l'homme, des signes authentifiant le Messie, des relations avec le gouvernement romain, de la résurrection des morts, de la valeur relative des différents commandements, des jeûnes.

 

Les traditions rabbiniques sur les pharisiens portent intérêt aux problèmes internes du parti lui-même.

Les premières discussions partisanes tournent autour de la relation de Shammaï et de sa Maison avec Hillel et sa Maison.

Par contraste avec les descriptions de Josèphe, il n'est pas question des Romains.

Si nous avions à nous faire une image du judaïsme palestinien du 1° siècle en nous appuyant uniquement sur ces textes rabbiniques, nous ne pourrions savoir que le Messie en était un élément important.

 

Les pharisiens continuaient de vivre dans la société ordinaire.


Certains sympathisants formaient des fraternités « haburah » : ils tenaient à manger leur nourriture profane en état de pureté lévitique rigoureuse. A table, ils voulaient être semblables aux prêtres du Temple à l'autel. Ils ne prenaient leur repas qu'avec ceux qui suivaient la loi telle qu'ils la concevaient. Ils se séparaient ainsi de l'homme du commun mais en continuant d'habiter les villes et les bourgs, ils gardaient la possibilité d'entraîner les autres par leur exemple.

 

Les pharisiens lisaient l'Ecriture avec la tradition orale, c'est-à-dire soit avec des anciennes traditions qu'ils rattachaient à Moïse soit avec des méthodes particulières d'exégèse et d'enseignement.

 

N.B. J. Neussner laisse entrevoir deux courants chez les pharisiens:

- Un courant qui se retrouvera à Jamnia est tel que J. Neusner constate : « en nous appuyant uniquement sur ces textes rabbiniques, nous ne pourrions savoir que le Messie en était un élément important », parce que dans ce courant, le Messie ou Rédempteur personnel n'était pas un élément important, l'important était que le peuple accomplisse la loi.

- Un autre courant ouvert à un messie ou Rédempteur personnel, tel que les récits de Josèphe ou des Evangiles le laissent entrevoir : Josèphe montre une espérance messianique qui se focalise sur Phéroras et son mari, à la cour d'Hérode. L'Evangile montre une espérance messianique qui s'interroge devant Jésus.

 

Les femmes juives au temps de Jésus

Le culte, chose essentielle aux yeux de la nation, était entièrement entre les mains des hommes. Les femmes n'avaient pas le droit de pénétrer dans les parties les plus sacrées du Temple et elles ne pouvaient intervenir dans les célébrations en tant que prêtres. En conséquence, au cours des cérémonies de sanctification, elles restaient sur les côtés, mais ne se mettaient jamais au centre. Elles avaient leur parvis à l'écart de l'autel.

 

Et pourtant, l'Ecriture rapportait que beaucoup de femmes avaient joué un véritable leadership ou avaient tout au moins disposé d'une influence considérable, depuis Myriam, sœur de Moïse, en passant par des figures de prophétesses ou de sauveurs comme Hulda, au temps de Jérémie, et plus tard Esther. Elles jouèrent donc un rôle essentiel dans la vie politique du pays, déjà dans l'ancien Israël, mais également au cours du siècle précédant la venue de Jésus, ainsi que, parfois, durant la période intermédiaire.

Elles disposaient donc partout de situations importantes en politique et en religion, sauf au Temple. [...] Peut être, à l'origine, le souvenir des prostituées sacrées des cultes païens a-t-il poussé les législateurs du code sacerdotal israélite à maintenir les femmes à l'écart du culte et du Temple dans son ensemble.

 

Mais tout change à partir du moment où, avec les pharisiens, on ne met plus l'accent sur le Temple mais sur les règles de pureté cultuelle, par exemple sur la consommation de nourriture au cours de repas rituels qui n'ont plus lieu seulement dans le temple mais aussi dans les maisons particulières, car à cette époque on considérait comme évident que c'étaient aux femmes de préparer le repas.

Elles se trouvaient donc tout à coup jouer un rôle capital pour tout ce qui concerne l'observance correcte des règles déterminant la pureté rituelle.

Il faut bien voir ici ce qui est en jeu : si on respecte les règles, on consomme sa nourriture comme si on était prêtre et on se retrouve ainsi en état de sainteté.

Les femmes avaient donc désormais le pouvoir d'assurer la sanctification. 

 

Vitrail Marie Fille de Sion, basilique Ste Marie Majeure, Rome

Vitrail Marie Fille de Sion, basilique Ste Marie Majeure, Rome, 

La femme juive, entre mépris et harmonie

Un ton méprisant à l'égard des femmes prédomine

Dans le judaïsme contemporain au Nouveau Testament, le ton méprisant à l'égard des femmes est prédominant :

- L'instruction de la Torah, selon la sentence de Rabbi Eliezer, n'est habituellement pas accessible aux femmes, car elle y apprendrait des obscénités, et il n'est de sagesse pour elle que dans la quenouille.

- L'acte de répudiation ne pouvait être donné que par l'homme, selon l'école de Shammai la femme pour être répudiée si elle avec manqué à la pudeur ou aux usages, selon l'école d'Hillel elle pouvait être répudiée dès que quelque chose déplaisait.

 

Cependant, l'harmonie originelle est espérée du Seigneur

Cependant, on croyait qu'aux jours où le Seigneur concèdera le salut complet à son peuple alors l'harmonie originelle entre l'homme et la femme brillera à nouveau, celle qui régnait au jardin d'Eden, où ils étaient tous deux une seule chair.

 

et d'autres voix se font déjà entendre

Un jour, Rabbi Ismaël (vers 135) demanda à Rabi Akiba (+ 135) ce que signifiait la conjonction avec dans « J'ai procréé un homme avec Seigneur » (Gn 4,1) Et Rabbi Akiba eut cette réponse splendide : « Adam a d'abord été créé de la terre et Eve d'Adam, dès lors et ensuite, à notre image et ressemblance (Gn 1,26), ni l'homme sans la femme ni la femme sans l'homme, et ni l'un ni l'autre sans la Présence divine. » La femme est appelée la maison de l'homme, lorsqu'il est écrit Yahvé Dieu façonna une femme de la côte d'Adam, le verbe façonner « oikodomeo » suggère l'idée d'une construction. La femme est la maison de l'homme non seulement parce qu'elle porte l'enfant en son sein mais parce qu'elle permet à l'homme de mener une vie ordonnée, droite, harmonieuse.

Pour le juif Philon (70 avant notre ère), tout ce qui est dépourvu de femme ne ressemble en rien à une maison.

R. Jacob lit le mot femme là où il est écrit maison, et il conclut que sans la femme, il n'y a ni joie, ni bénédiction, ni expiation.

Dans Le livre des antiquités, le pseudo Philon souligne

- que Deborah, vénérée comme sainte de son vivant, parla au peuple comme une femme de Dieu ;

- que Seila, fille de Jephté s'offre librement en sacrifice à l'exemple d'Isaac.

- que Myriam sœur de Moïse a un songe, de même la fille de pharaon.

- Et il met sur les lèvres d'Anne, future mère de Samuel : « Je sais que la richesse de la femme ne consiste par à avoir beaucoup d'enfants, et sa misère est de ne pas en avoir. Est riche la femme qui est généreuse en faisant la volonté de Dieu. »

 

Le texte biblique d'Exode 15,1-18 raconte qu'après le passage de la mer rouge, « Moïse et les Israélites éclatèrent en un chant de victoire. Myriam, sœur de Moïse, et les femmes firent la même chose. » Dans La vie contemplative, Philon raconte que la communauté des thérapeutes, une communauté d'ascètes dans la lagune d'Alexandrie, formait un chœur unique alliant les voix des hommes et des femmes pour imiter le chœur de l'Exode.

 

Lorsque Dieu donna la révélation au Sinaï, Philon écrit : « Le Père de l'univers proclama les dix paroles et oracles... alors que la nation, hommes et femmes ensemble, s'était réunie en assemblée. »

 

 

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Publié dans L'écriture sainte

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C
<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Oui ça me laisse songeur....<br /> <br /> <br /> pour l'époque c'était quand même bien compliqué.<br /> <br /> <br /> Bises mon cher Franck<br /> <br /> <br /> <br />
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